Camille Travers, fondatrice de Webtalent, était l’invitée de la dernière rencontre Agora RH, organisée sous le thème : "Comment les réseaux sociaux ont changé les métiers RH ?" Elle revient sur la question pour Focus RH.
Les réseaux sociaux changent-il vraiment les métiers RH ?
Oui, les réseaux sociaux apportent pas mal de nouveauté dans les RH, notamment au niveau des candidatures. Ils permettent d’approcher des candidats en veille passive. Ils sont plus facilement identifiables. C’est donc un certain gain de temps et une possible diversification du sourcing.
Les réseaux sociaux apportent aussi une certaine transparence, tant pour le candidat que pour l’entreprise. Quand le recruteur rencontre le candidat, ce dernier a déjà pris connaissance du poste et de l’univers de l’entreprise. On rentre vite dans la technicité du poste. De son côté, le recruteur sera aussi allé prendre des informations sur le candidat.
Qu’est ce que cela implique pour les professionnels RH ?
Ce qui vaut pour les candidats vaut aussi pour les recruteurs. C’est-à-dire qu’il faut travailler sa e-réputation, son identité numérique. Pour les entreprises, cela relève de la marque employeur. Avec ces outils, de nouveaux usages apparaissent. Une communication institutionnelle ne peut plus fonctionner par ce biais. Les candidats n’ont pas cette attente sur les réseaux. Ils veulent des réponses concrètes, des témoignages d’opérationnels, contrairement à ce que l’on a pu observer sur de nombreux jobboards. Les réseaux sociaux demandent donc une vraie remise en question.
Avant de commencer à s’inscrire et à communiquer à tout va sur ces réseaux, il faut déjà s’interroger sur ce qui est dit sur l’entreprise sur la toile. Et il faut se demander pourquoi on caractérise mon entreprise de telle ou telle façon sur Internet. Il y a pas mal d’entreprises où cette question de l’identité numérique a entraîné de vraies remises en question des process, comme un changement de fournisseur, par exemple.
Quelques conseils pour les entreprises qui souhaitent investir les réseaux sociaux ?
S’investir sur ce terrain demande des moyens et un minimum de prise de risque. Il ne faut pas avoir peur des messages négatifs. Il faut savoir prendre la parole et adopter un discours plus adulte et plus assumé.
C’est aussi cette prise de parole qui fait évoluer les métiers RH. Souvent, cela incite les DRH à devenir un peu des marketeurs de l’image employeur et à se rapprocher de la direction de la communication. Cela demande aussi de se rapprocher des salariés. Par exemple, un DRH qui découvre un groupe au nom de son entreprise créé par un salarié sur les réseaux sociaux a tout intérêt à impliquer ce salarié sur le projet. Il ne faut pas le sanctionner ou reprendre le projet sans lui, mais l’impliquer en faisant de la pédagogie sur les enjeux pour l’entreprise.
Ensuite, ce n’est pas au DRH d’aller créer une page FaceBook pour son entreprise. Mais il doit être en mesure de superviser un projet, conjointement avec les directions de la communication et marketing.
Sorti de ces quelques conseils, le seule règle qui soit, c’est qu’il faut apprendre en faisant. Le meilleur moyen, c’est de se créer un profil personnel pour expérimenter. Il faut de la curiosité.
Que manque-t-il aux professionnels RH pour franchir le pas ?
Les entreprises sont encore trop frileuses, pas assez matures vis-à-vis des réseaux sociaux. C’est aussi une question de génération au niveau des équipes. Les DRH présentent un vrai attrait pour ces réseaux. Ils en comprennent les avantages et certains sont même prêts à les tester dans leurs processus de recrutement. Maintenant, de là à prendre la parole en tant que DRH sur ces mêmes réseaux, il y a encore un pas. Par exemple, il existe très peu de blogs de DRH. Les métiers RH sont en train de changer, progressivement. Mais il faudra encore du temps pour que les professionnels RH s’adaptent.
Source : Focus RH, propos recueillis par Brice Ancelin, le 3 juin 2010
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