vendredi 2 avril 2010

Concurrence, délocalisations, externalisation

Cela a commencé par le nettoyage, le gardiennage, etc », constate Mohamed Oussedik, secrétaire confédéral CGT. « Cela continue avec des activités directement liées à la production, maintenance, informatique, comptabilité, gestion des ressources humaines. Ces emplois existent encore, mais les salariés sortent des conventions collectives souvent bien plus avantageuses dans les grandes entreprises. »
 
Le parfait exemple selon lui est la vallée de la Bresle, en Seine-Maritime, où les ouvrières des verreries, employées au contrôle qualité ou à la décoration de flacons pour la parfumerie, ont été « externalisées à une multitude de petites entreprises soumises à deux ou trois donneurs d’ordre, avec des salaires beaucoup plus bas, pas de convention collective et seulement le Code du travail pour les protéger ».
 
« Dans certains secteurs, la recherche-développement, le design et même certains aspects de la conception sont externalisés. Dans l’automobile, le cœur du métier du constructeur correspond à 25 % du véhicule, le reste est fait par des sous-traitants mis en concurrence », explique M. Oussedik.
 
Selon une récente étude de l’administration sur « La désindustrialisation », « l’industrie française a perdu 1,913 million d’emplois de 1980 à 2007 » et la part de l’emploi industriel dans la population active est tombée de 22 % à 12 %.
 
Le phénomène est « commun à l’ensemble des économies développées mais s’est renforcé dans la dernière décennie sur fond d’accélération des destructions d’emplois imputables à la concurrence étrangère », indique l’étude.
 
La désindustrialisation s’explique par trois facteurs : la concurrence étrangère et les délocalisations, les gains de productivité (plus de machines, moins de main d’œuvre), et les externalisations.
 
L’emploi dans le secteur des services aux entreprises est ainsi passé de 8 à 15 % de la population active, précise le document de la Direction générale du Trésor et de la Politique économique. Et l’intérim a explosé jusqu’en 2008, 40 à 50 % des intérimaires travaillent pour l’industrie.
 
Parallèlement, « les gouvernements successifs ont raisonné comme si peu importait la qualité de l’emploi, pourvu qu’il y ait de l’emploi », analyse la revue d’études sociales Lasaire, qui note un « abandon des politiques industrielles » depuis 1984.
 
« Des stratégies de rentabilité »
Le recours à l’externalisation tend à se stabiliser, mais pour Force ouvrière, le mal est fait. « On est sur des stratégies de rentabilité économique qui transforment des CDI en emplois plus précaires dans des petites boîtes mises en concurrence, ce qui implique une baisse des prix et des salaires, et une dépendance aux donneurs d’ordre qui peuvent imposer un timing fou », analyse Pascal Pavageau, secrétaire confédéral.
 
Selon l’enquête Emploi 2008 de l’Insee, il y a dans l’industrie pure et dure moins de temps partiel, moins de CDD, et les salariés y ont plus d’ancienneté que dans les services aux entreprises.

Les travailleurs étrangers, qui acceptent souvent les tâches pénibles et mal payées, sont 3,5 % dans l’industrie, contre près du double dans les services aux entreprises (6,7 %).


Source : L'Alsace, le 5 mars 2010. NB : L'illustration en tête de l'article provient du Rapport du Sénat "La globalisation de l'économie et les délocalisations d'activité et d'emplois"

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