Nul terme en informatique n'est aussi galvaudé en ce moment que celui de cloud computing. A quelques semaines de l'ouverture du salon Datacenter- CloudComputing 2010, on assiste à une éruption quasi-volcanique d'annonces autour du cloud.
Chaque éditeur, hébergeur, infogéreur, fournisseur de matériels et de services tire à lui la corde conceptuelle et l'adapte à son métier pour promouvoir une offre censée changer la face du monde. Pour les uns, le cloud, c'est un ensemble de services d'hébergement (une offre de type ASP "relookée" et remise au goût du jour), pour d'autres, c'est de la fourniture d'infrastructures virtuelles, pour d'autres encore, le cloud devient une fédération de services applicatifs à la demande. Certains discours marketing ont même allègrement passé le cap du "cloud 2", défini comme "le nouveau paradigme du cloud computing". Aussi n'est-il pas étonnant que l'utilisateur s'y perde, percevant le "cloud" comme un gros nuage aussi noir, compact et menaçant que le magma de cendres jailli de l'Eyjafjallajökull, le glacier islandais.
Cependant, l'évolution du cloud va dans le sens d'une structuration plus rationnelle. En pleine gestation encore, ce modèle inédit d'infrastructure est en train de se clarifier et de prendre forme. La définition du Cloud Computing par l'organisme américain NIST (National Institute of Standards and Technology) - dont c'est le métier de remettre à plat les concepts les plus flous -, vient apporter un éclairage constructif à la compréhension de l'offre. Pour le NIST, une infrastructure informatique de cloud computing se définit par un ensemble précis de caractéristiques et de modes de déploiement.
Voici d'abord les cinq caractéristiques essentielles du cloud qui le différencient des autres approches d'externalisation :
1. un libre service à la demande : l'usager peut réserver ou libérer unilatéralement les ressources en fonction de ses besoins sans interaction avec le fournisseur ;
2. un ensemble de ressources accessibles en réseau : les ressources sont accessibles via un réseau, à partir d'une ou plusieurs plateformes clients ;
3. la mise en commun de ressources éclatées : l'usager n'a pas besoin de connaître la localisation géographique exacte les ressources que le fournisseur mutualise pour servir ses clients et qui peuvent se trouver dans plusieurs centres de données répartis à travers le monde (d'où le terme de "nuage") ;
4. un accès rapide et élastique à ces ressources : les ressources peuvent être réservées rapidement pour répondre à des besoins qui évoluent et être libérées tout aussi rapidement lorsque le besoin disparaît ;
5. enfin, une facturation à l'usage : l'utilisation des ressources est contrôlée et mesurée et l'utilisateur facturé en fonction de l'usage qu'il en fait.
Ce qui est intéressant dans cette approche, c'est que le terme de ressources et/ou de services (au sens où l'on parle de catalogue de services dans la démarche ITIL), n'est pas spécifié : il peut s'agir de ressources les plus diverses : d'exploitation, de développement, d'applicatifs, etc. Tout reste ici à inventer. Les amateurs de taxonomie identifient toutefois trois catégories de services :
- le SaaS (Software as a service) : l'usager utilise des applications hébergées dans le cloud ;
- le PaaS (Platform as a service) : l'usager développe lui-même ses propres applications en utilisant les ressources de développement (langages et outils) disponibles dans le cloud ;
- l'IaaS (Infrastructure as a Service) : l'usager gère et utilise des systèmes virtuels (serveurs, réseaux, pare-feux, systèmes d'exploitation, baies de stockage...) fournis par le cloud.
Par ailleurs, le NIST distingue quatre modèles de déploiement pour le cloud :
1. Le cloud privé (private cloud) : l'infrastructure est gérée par une organisation (ou par un tiers) mais cette organisation est la seule à l'utiliser (ce modèle ne repose donc pas sur l'externalisation) ;
2. Le cloud communautaire (community cloud) : l'infrastructure est partagée entre plusieurs organisations ayant des préoccupations communes, elle peut être gérée par le groupe ou par un tiers ;
3. le cloud public (public cloud) : l'infrastructure est mise à la disposition du grand public (ou d'une grande quantité d'entreprises) mais elle appartient à un fournisseur de services informatiques ;
4. enfin, le cloud hybride (hybrid cloud): combinaison de plusieurs clouds indépendants mais pouvant être publics, communautaires ou privés, avec un point commun : le respect de technologies communes et standards pour assurer la portabilité des applications entre les clouds.
Voilà qui est rassurant et qui devrait définitivement reléguer aux oubliettes la vision du cloud comme nuages de cendres paralysant les moteurs informatiques des entreprises.
N.B. : Une session du Forum CXP 2010 sera consacrée à cette thématique.
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