jeudi 11 mars 2010

Externalisation RH : une pratique à double sens

Je propose ici une vision complémentaire à celle développée dans l’article de RH Info « Le vrai sens de l’externalisation »*.

 
D’une logique de création de valeur pour l’entreprise et la fonction RH

L’externalisation prend en effet tout son sens dans l’allégement des tâches administratives, contraignantes car complexes, chronophages, répétitives et risquées. Sécurisant les basiques de la fonction RH, l’externalisation permet de s’engager plus activement encore dans la voie du développement des talents. Elle permet ainsi de focaliser ses énergies sur ce qui contribue véritablement à la performance de l’entreprise et à sa croissance : management de l’innovation, reconnaissance des potentiels, élargissement des compétences, engagement et motivation, sérénité du climat social.

En ce sens, l’externalisation répond parfaitement à une logique de valorisation du capital humain, seul vecteur de différenciation concurrentielle durable. C’est le « vrai sens » de cette pratique.

La croissance continue de l’externalisation RH depuis 10 ans ne saurait cependant s’expliquer uniquement par cet unique avantage stratégique.


A une logique de création de valeur pour les actionnaires

Confrontées à une compétition effrénée et aux conséquences de « la crise », nos entreprises doivent sans cesse améliorer leur rentabilité.

Cette impérieuse nécessité de création de valeur pour les actionnaires et d’amélioration du résultat net par action, se décline en trois axes d’actions :
- Economiser à court terme : -20 % sur les coûts,
- Variabiliser les coûts à moyen terme : 80% de coûts flexibles,
- Mettre en concurrence les prestataires sur le long terme : 100% de pression continue sur les tarifs.

En cette période particulière, réduire les coûts en maintenant le niveau de service et de qualité, demeure un objectif prioritaire des Directions générales**. La fonction RH est à ce titre logée à la même enseigne que toutes les autres fonctions opérationnelles. L'externalisation permet de diminuer les coûts de l'activité RH déléguée à un prestataire, grâce aux économies d'échelle elles-mêmes permises par les effets conjugués de la mutualisation et de la spécialisation du partenaire.

Passer par un fournisseur permet également de flexibiliser une partie de sa structure de coûts, de passer de frais fixes internes à une facture commerciale variable correspondant à la prestation exactement et effectivement consommée. Il s'agit bien de payer uniquement ce dont on a besoin. Avec l'externalisation, la fonction RH développe ainsi une prévisibilité quasi parfaite de ses coûts et une agilité économique corrélée à l’activité de l’entreprise.

Ainsi, comme gisement de rentabilité à court terme, l'externalisation de certaines activités administratives de la fonction RH répond à cette autre logique de financiarisation de l'économie réelle.


L'externalisation RH est donc à double sens. Elle répond simultanément à une logique financière structurelle des marchés, exacerbée par un aléa conjoncturel («la crise»), et à une logique entrepreneuriale de développement des Ressources Humaines comme facteur de différenciation stratégique.

Le parallélisme de ces deux logiques signifierait-il que les actionnaires deviennent plus clairvoyants, comprenant que la valorisation du capital humain sert à terme leurs propres intérêts d’accroissement de valeur ? Si tel était le cas, l’externalisation RH ferait alors d’une pierre deux coups en ménageant la chèvre et le chou.

* Cf. «Le vrai sens de l’externalisation», www.RHInfo.com, le 8 février 2010 (http://bit.ly/9Tgtb7) accessible également sur Viadeo (http://bit.ly/9Tgtb7).
** Cf. «La fonction RH dans la crise : faire faire pour faire face», www.RHInfo.com, le 4 septembre 2009

Source : http://www.rhinfo.com/, Thomas Chardin (http://bit.ly/9aFRKv),  le 8 mars 2010

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