mercredi 6 avril 2011

Soyez engagés... mais déconnectez !


Un article de Christine Lejoux, dans La Tribune du 11 mars 2011, aborde un thème dont à mon avis on a pas fini de parler : l'impact des outils modernes de communication sur le travail et les ressources humaines. La banalité apparente du propos ne doit pas nous dissimuler les réalités croissantes qui « inquiètent les directeurs des ressources humaines ». Il est certain que l'usage tout azimut des Smartphones et autres tablettes n'est pas sans conséquence. Néanmoins un peu de discernement s'impose.
 
Il paraît que « les consommateurs sont à ce point « accros » aux appareils mobiles qu'il est hors de question pour eux de se voir interdire l'usage de leur iPhone ou de leur iPad personnel dans le cadre de leur travail ». Belle hypocrisie, lorsqu'on sait que ce sont souvent les entreprises elles-mêmes qui dotent leurs cadres de blackberry afin qu'il soient joignables et mailables partout, toujours, preuve de leur engagement sans faille ! Pourquoi la contrepartie ne serait-elle pas que ces salariés toujours connectés utilisent le même outil pour leurs besoins privés ?

Il est certain qu'il y a de plus en plus mélange des genres, et que cela peut effectivement poser des problèmes de confidentialité. Christine Lejoux cite Jean-René Cazeneuve, directeur général de Bouygues Telecom Entreprises : « Gérer la confidentialité des informations devient encore plus difficile avec l'arrivée sur le marché de l'emploi de la génération Y, qui veut concilier travail et loisir et n'hésite donc pas à évoquer ses dossiers professionnels sur des réseaux sociaux comme Facebook ». Il faut bien dire que les commentaires sur un dossier sensible, glissés entre le récit truculent du dernier barbecue, la photo du lardon dans son berceau et la copine ou le pote en maillot au bord de la piscine… ça fait désordre ! C'est le cas de le dire : les entreprises sont dos au « mur » !
 
En fait, elles gèrent ça à vue ; Christine Lejoux cite cette fois Nathalie Feeney, analyste chez IDC : « Sous la pression de leurs salariés, 42 % des entreprises permettent à ces derniers de se connecter à leurs systèmes d'information depuis leur équipement personnel ». Là encore belle hypocrisie ! Car si « les dirigeants perçoivent bien les bénéfices de ces solutions de mobilité, notamment en matière de productivité individuelle », 7% d'entre-elles seulement « encouragent le télétravail » ! Ben tiens ! Cherchez l'erreur ! C'est qu'en fait, comme ça, ils ont le beurre et l'argent du beurre, les petits malins : travail au bureau bien fliqué pour ne pas permettre au petit personnel de rêver… puis télétravail de fait, à titre personnel de salarié « engagé », en dehors des heures légales !

Evidemment, les DRH, eux, tremblent un peu devant la manœuvre : « avec la multiplication des appareils mobiles, nombre de personnes travaillent sur des dossiers professionnels jusqu'à une heure avancée de la nuit. En cas d'accident dans la foulée, la responsabilité de l'employeur peut être engagée ». Bah ! Ils n'auront qu'à dire que c'est le salarié qui ne respecte pas son contrat, parce qu'il aime faire joujou avec son iphone ou son ipad…

Bon, allez ! Trêve d'ironie outrancière ! Il reste tout de même qu'entreprise, salariés et syndicats devraient se pencher encore plus sérieusement sur l'évolution des conditions de travail ouvertes par la technologie. Il doit bien y avoir un moyen d'en tirer un bénéfice pour tous, et dans le respect de chacun. Non ?

Source : RH Info (www.rhinfo.com) par Patrick Bouvard le 24 mars 2011

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