La montée du crowsourcing est l’article écrit par Jeff Howe en 2006 dans Wired magasin, et qui fonde la définition du terme. Le crowsourcing est une contraction du « out sourcing » et de la foule, ce que l’on pourrait traduire par se ressourcer à la foule. Autrement dit, le crowdsourcing s’appuie sur le concept de foules intelligentes. On fait l’hypothèse qu’avec une foule suffisamment importante en quantité et qualité on peut profiter de ses talents pour enrichir le modèle économique de l’entreprise.
Déjà des entreprises, comme Colgate Palmolive, reconnaissent avoir recourt à ce type de modèle dans leurs recherches et développements. Procter and Gamble utilise le crowdsourcing pour plus de 50 % de sa R&D. Les entreprises se convertissent et les hotspots se construisent. Le plus connu est Innocentive, créé en 2001, qui regroupe plus de 100 000 solvers pour résoudre toutes sortes de problématiques. D’ailleurs Colgate Palmolive a communiqué sur le phénomène avec le fait de savoir injecter de la poudre fluorée dans un tube de dentifrice. Le solver d’Innocentive a gagné 25 000 euros. C’est ce que l’on appelle l’open innovation ; mutualiser la R&D. Le modèle prévoit des communautés de solvers plus ou moins à la retraite, comme dans Yourencore, créé en 2003, ou des étudiants comme dans Ideacrossing, créé aussi en 2003. Le modèle prend sa forme.
L’open innovation fait résonance aux lead users du monde du marketing, où les consommateurs influents testent les produits et font avancer la cause de l’entreprise. Les lead users ont ouvert la voie aux communautés de consommateurs, tous les consommateurs peuvent contribuer s’ils le désirent à la relation client. La recherche et développement, le marketing commencent à intégrer le crowdsourcing, ce qui permet d’avoir des retours de pratiques intéressantes. Le véritable problème est l’organisation des solvers, mais aussi l’organisation des seekers - ceux qui posent les problèmes : savoir créer une culture de la circulation des informations, accepter de mettre en commun des problèmes et accepter de s’occuper des problèmes des autres.
Et la formation dans tout ça ?
Aujourd’hui le crowdsourcing formatif n’est que très peu utilisé dans les entreprises. Au mieux, on a un développement du blogsourcing, mais qui est encore marginal. Le blogsourcing permet, à travers un blog, de poser un point de vue, un contenu par exemple, et de demander aux bloggeurs d’apporter leur contribution. Cela peut prendre bien des formes, mais, assurément, l’expérience la plus concluante est celle de faire vivre le book formateur. Permettre à chaque animateur de donner ses trucs, ses remarques pour donner plus d’acuité et de vie à la chose formative. La communauté de formateurs permet de capitaliser un savoir innestimable. Mais le crowdsourcing en formation peut aller beaucoup plus loin : apprendre à poser des problèmes formatifs et apprendre à les résoudre ensemble, avec des personnes internes à l’entreprise, mais aussi externes, pour diversifier les points de vue. Le responsable de formation deviendrait alors un organisateur de points chauds pour structurer le crowdsourcing comme espace de veille durable, moteur de la transformation de l’entreprise. Le problème est là encore culturel : sortir la formation de sa chosification, pour qu’elle retrouve sa raison d’être : un espace à vivre.
A propos de l’auteur Stéphane Diébold…
… Il a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (www.garf.asso.fr) et de l’ETDF.
Source : Focus RH, "La montée du crowdsourcing" par Stéphane Diébold, le 17 novembre 2010
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